Lorsque le gouvernement américain a imposé l’ESTA comme préalable indispensable pour se rendre aux Etats-Unis pour les ressortissants des pays concernés par le Programme d’exemption de visa mis en place par le Président Reagan en 1986, on craignait que cette formalité administrative supplémentaire ne vienne miner l’engouement de ces touristes « de qualité ». Qu’en est-il réellement ? Quel a été l’impact de l’entrée en vigueur de l’ESTA sur les touristes français ? Le point dans cet article.
L’ESTA : un jeu d’équilibriste entre la manne touristique et l’enjeu de la sécurité intérieure
Jugés à « faible risque » par le gouvernement Reagan, les touristes français se sont vus exonérés de la demande de visa pour se rendre aux Etats-Unis en 1989, dans le cadre du Programme d’exemption mis en place par l’administration américaine afin de faire rayonner davantage le Nouveau Monde dans le contexte de (la fin de) la Guerre Froide. Les attentats du 11 septembre 2001 et, plus largement, le bouleversement du contexte sécuritaire mondial, ont mis la pression sur l’administration Bush, qui engagera une série de mesures dites « correctives » afin de pallier les brèches béantes du Programme d’exemption de visa. Cette politique aboutira donc à l’entrée en vigueur de l’ESTA, un mécanisme fortement inspiré de l’autorisation de voyage électronique imaginée par les autorités australiennes.
En somme, pour se rendre aux Etats-Unis pour le tourisme pour faire des affaires (en respectant un certain nombre de conditions) ou pour le transit, les ressortissants des pays inclus dans le Programme d’exemption de visa doivent remplir un formulaire ESTA en ligne, produire des versions numérisées de documents administratifs et s’acquitter d’une frais de traitement de dossier. Pour les autorités américaines, le défi était de taille, car il fallait aboutir à un mécanisme à la fois :
- Souple, pour ne pas mettre un terme à la croissance exponentielle des arrivées touristiques, sources de création d’emploi, de dynamisme économique et de rayonnement culturel ;
- Et strict. Les renseignements saisis par les candidats à l’ESTA sont rapprochées des bases de données des différents acteurs de la sécurité intérieure des Etats-Unis d’Amérique pour filtrer les arrivées et prévenir les risques sécuritaires en amont.
L’ESTA : une formalité « négligeable » qui n’empêche pas les Français de vivre le rêve américain
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette formalité administrative supplémentaire n’a en rien entamé l’engouement des Français pour la destination « USA ». En 2018, ils ont été plus de 1,76 million à se rendre au Pays de l’Oncle Sam, selon les chiffres publiés par le Service Commercial de l’Ambassade des Etats-Unis en France. C’est une progression e 6 % en à peine un an, alors que les préoccupations autour du pouvoir d’achat des Français laissaient penser à un revers. En 2018, la France a donc été le 8e pays le plus demandeur de l’autorisation de voyage électronique américaine (ESTA), derrière l’Allemagne qui s’impose comme le premier fournisseur européen de touristes pour les Etats-Unis. La France est toutefois le 2e pays fournisseur de touristes pour l’Etat de Californie qui reste, de loin, la destination préférée des Français américanophiles ! Ils sont en effet plus de 500 000 à s’y rendre chaque année, pour sillonner Hollywood, visiter Los Angeles, longer la côte Pacifique et apprécier les joies du Grand Ouest américain. Seule la Grande-Bretagne fait mieux pour le Golden State.